Jean-Claude Vanden Eynden
Schumann – Liszt
Le palais des dégustateurs
Jean-Claude Vanden Eynden est un sage. Et un homme de goût. Sa lecture de la Fantaisie op.17 de Schumann et, plus encore, celle de la Grande sonate de Liszt en si mineur op. 178, œuvres qu’il associe sur son nouveau CD, s’écarte de l’air du temps. Il ne s’en cache pas. « Sous prétexte de romantisme, nous confie-t-il, ce répertoire est trop souvent défendu à l’heure actuelle avec une vigueur, voire une agressivité qui me paraissent excessives. Comme s’il fallait à tout prix rendre ces pièces clinquantes. » À l’image d’une société qui ne conçoit plus la Culture, fut-elle classique, sans une bonne dose de spectacle ? « Je le crains. La jeune génération de pianistes me semble en faire parfois un peu trop. Il n’est pas nécessaire de souligner à gros traits rouges de telles partitions. Ce n’est pas mon choix en tout cas ». Et de plaider pour une approche « plus raisonnable », plus proche en somme du romantisme 19e tel qu’il se suffisait à lui-même. Ce qui n’exclut en rien le brio et la virtuosité, comme le démontre Vanden Eynden avec sa façon toute personnelle et combien nourrissante de servir ces deux œuvres légendaires. Mais aussi de les honorer, de la même manière que Liszt et Schumann – qui n’étaient pas franchement amis… – se respectèrent en se dédiant l’un à l’autre les deux pièces réunies ici. L’interprétation de Vanden Eynden, par sa justesse sans emphase, célèbre la musique. Parce qu’elle se suffit à elle-même.