Gabrielle Verleyen
Le lac
Autoproduction
Avec un EP tout de trombone et de chaleur accompagné, Gabrielle Verleyen signe un début en douce fanfare. Il est d’ailleurs difficile, une fois entendu, de se sortir de la tête le morceau Le renard passe. Cette comptine vient de la sidération : alors que tout le monde se voit assigner en résidence pour cause de pandémie, un canidé roux et décomplexé déambule dans les rues de Bruxelles, sous les yeux de la chanteuse. Avec cinq autres morceaux, il constitue Le lac. Six propositions de voyages. Cette ex-timide, qui découvre sa voix comme un passeport, s’échappe à Rotterdam pour y intégrer un conservatoire de musiques du monde. Et c’est son propre univers qu’elle se crée, fait d’influences (musique indienne, ou africaine) et d’expériences personnelles : « Partir à Rotterdam a changé ma vie. J’avais du mal à sortir de la boîte conçue par mon enfance. J’ai eu besoin de ces sept années pour me débarrasser de l’image que ma famille et mes amis avaient construite de moi. » De ce séjour, il reste des expériences, douloureuses parfois, qu’elle évoque en anglais, par respect pour la langue de celles-ci. Mais quand les choses se vivent ici, c’est en français, bien compréhensible, qu’elle ose les dire: « Il y a des textes qui me gênent, très intimes, mais j’assume… enfin, je crois ». Au fil de cet EP, une cartographie intime et sincère se dessine : celle d’une artiste pas complètement rassurée par ce travail bien fait : « Comment va-t-on me voir ? Aimera-t-on ce que j’ai fait ? Ces questions, je ne me les étais pas posées pendant l’enregistrement, maintenant oui et ça fait flipper ». Elle ne devrait pas.