Liberski & Yoshida
Troubled Water
Totalism
L’enregistrement de Troubled Water s’est improvisé à la dernière minute. « J’étais resté un mois au Japon et la veille de mon départ, le batteur Tatsuya Yoshida, avec qui j’avais fait des sessions jadis, me propose un gig en duo. Je n’avais que mon ordi, aucun autre matériel, on a rassemblé ce que l’on pouvait », se souvient Liberski. Cela a, sans aucun doute, ajouté la spontanéité, la fraîcheur et l’urgence à ce free jazz total. Tatsuya Yoshida (leader de Ruins) est une star de l’avant-garde rock, du noisy et du free jazz au Japon. Le belge Casimir Liberski est un pianiste aventureux et curieux de toutes expériences anticonformistes. Les deux hommes se sont trouvés et ont élaboré un dialogue aussi ouvert qu’intense. « Tatsuya joue en totale réactivité. Il a une puissance de concentration phénoménale et ne se pose pas de questions, il y va à fond ! » Enregistré lors d’une longue jam improvisée dans un minuscule club à Tokyo (Thelonious), le duo s’est lancé aveuglément sur des rythmes aux structures totalement éclatées pendant plus d’une heure. De cette matière, Casimir Liberski a extrait et édité six instantanés. « J’ai aussi envoyé ma sélection à John Zorn, comme je le fais souvent, pour avoir son avis. » La musique est très organique et évoque le chaos environnemental (Plastic Island, Climate Change), les tsunamis, les éruptions, mais parfois aussi de rares léthargies minimalistes et souterraines (Kuroshio Current). Entre bidouillages électro, accords plaqués et dissonants et drumming explosé, Troubled Water interroge notre terre et ses éléments dégradés. Il interroge aussi le tumulte qui agite inconsciemment notre esprit. C’est une musique dense, exigeante, débridée, aussi inspirée qu’inspirante. Fort.