Anna et Tatiana Sam(o)uil
Il Mondo Felice
Cypres
Elles en rêvaient, elles l’ont fait. Les sœurs Tatiana et Anna Sam(o)uil, la violoniste qui vit à Bruxelles et la soprano qui réside à Berlin, signent avec Il Mondo Felice un disque qui consacre leur “amour sororal”. La playlist peut surprendre, qui va de Bach à Strauss en compagnie de l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie et de son chef Vahan Mardirossian. L’occasion de savourer le violon de Tatiana dans les concertos BWV 1056 de Bach et N°1 de Mendelssonh, mais surtout d’entendre les deux sœurs dans quelques tubes. « Ce sont nos œuvres préférées, assument-elles. Elles sont le miroir de nos émotions ». Des pièces réunies par un étonnant fil rouge, celui qu’aurait pu tisser Maria Malibran (1808-1836) à laquelle Tatiana et Anna vouent une réelle admiration. Certaines de ces œuvres ont été interprétées par la diva, qui ne s’enferma jamais dans l’opéra italien, mais osa aussi Bach et son sublime Erbarme Dich extrait de la Passion selon saint Matthieu ou le bouleversant When I m laid in Earth de Purcell, que l’on retrouve ici. C’est cependant à Mendelssohn que l’album emprunte son titre Il Mondo Felice, extrait de l’aria Infelice que le compositeur dédia à la Malibran et à son amant de Bériot. Au cours de ce parcours guidé, selon Tatiana et Anna, par leur « amour de l’opéra, de l’expression lyrique et la beauté de la voix », on croise aussi une adaptation du célèbre Intermezzo que glissa Mascagni dans Cavalliera rusticana ainsi que l’Ave Maria extrait de l’Othello de Verdi, avant de conclure par Morgen !, l’un des quatre Lieder que Strauss offrit à sa femme. L’amour, toujours…