Lous and the Yakuza
Ioata
Columbia/Sony
Porte-parole antiraciste, égérie Louis Vuitton, traductrice de la poétesse américaine Amanda Gorman et icône féminine dont le parcours de vie traumatique a nourri un premier album (Gore) finalement plus remarqué et streamé qu’acheté, Marie-Pierra Kakoma se dévoile au naturel sur son nouvel album Iota. S’éloignant de l’image “intello glamour” que certains ont voulu lui coller à la peau, la jeune femme se montre ici plus introspective. « Gore évoquait mon expérience par rapport à la guerre, au racisme, au viol ou à la prostitution. C’étaient des chansons personnelles qui ont déclenché des débats de société. Iota parle toujours de moi, mais il touche davantage à l’intime et au sentiment amoureux. Il y a plusieurs déclinaisons de cette thématique sur l’album car je suis passée par toutes les phases émotionnelles ces deux dernières années. Des coups de foudre, des brisures de cœur, des amitiés trahies, des passions, des réconciliations avec ma famille… », précise la jeune femme. Musicalement, son mélange de pop, de R’n’B, de néo-soul et de trap s’étoffe de vrais instruments. Lous collabore toujours avec le surcoté El Guincho (Rosalia) mais elle réussit à lui imposer plus de diversité dans les sons et les tons. Une bonne chose. Rencontre au sommet, son duo Lubie avec Damso est ainsi rythmé par une boucle de guitare acoustique alors que le single Hiroshima montre qu’on peut flirter avec la pop mainstream tout en réfutant les codes du genre. Ailleurs, c’est son flow singulier (Kisé), sa passion pour la culture japonaise (le magnifique Yuzu où les cordes de violon se marient à celles d’une guitare sèche) et son sens de la métaphore (Monsters, Interpol) qui font la différence. Au final, Iota nous montre une artiste moins en colère et plus apaisée malgré les tourments du quotidien. Et comme si elle voulait souligner cette métamorphose, c’est sans le moindre effet d’Auto-Tune qu’elle nous susurre au milieu du disque : « J’ai envie de te dire je t’aime ». Message bien reçu.