Romina Lischka / Ghalia Benali / Vincent Noiret
Call to Prayer
Outhere/Fuga Libera
Loin des chemins tant de fois tracés, à mille lieues des pseudo-musiques du monde à la sauce occidentale, la rencontre lentement mûrie entre la remarquable gambiste autrichienne Romina Lischka et la captivante chanteuse et poétesse tunisienne Gahlia Benali, accouche d’un disque d’exception. Envoûtement garanti pour qui acceptera de se laisser envelopper par ces sonorités nées de trois univers que rien ne devrait a priori rapprocher – la viole de gambe du 17e siècle, les ragas indiens et la musique arabe. Non, rien, si ce n’est leur authenticité portée par des musiciennes d’exception, accompagnées de l’excellent contrebassiste Vincent Noiret. « Call to Prayer, précise Romina, célèbre le lien universel qui réunit les êtres, et dont l’association de nos langages musicaux personnels se veut la démonstration. » Laquelle est d’autant plus limpide que la gambiste s’est toujours nourrie, aussi, de la musique classique du nord de l’Inde et du chant dhrupad qu’elle a étudiés à Delhi et à Pune. Quant à la voix fascinante de Gahlia Benali, elle est l’autre source de la secrète alchimie qui unit avec une telle évidence la musique baroque de Marin Marais, les mélodies arabes et les ragas indiens. Mais s’il est tentant de percevoir un message philosophique et politique dans cette superbe rencontre, on se trompe. « C’est une question que l’on nous pose parfois, sourit Romina. La réponse est beaucoup plus simple : il s’agit d’un disque d’amour, rien de plus… ». Par les temps qui courent, c’est déjà énorme.