Darrifourcq – Hermia – Ceccaldi
Kaiju Eats Cheeseburgers
Hector
Pour Manuel Hermia, c’est l’un de ses projets les plus chers car singulier : un trio unissant au saxo, le batteur et percussionniste français Sylvain Darrifourcq ainsi que son compatriote, le violoncelliste Valentin Ceccaldi. Pour ce deuxième opus, le band a poussé très loin le bouchon, entre jazz, improvisation et musiques actuelles, entre des moments d’une intensité incendiaire et d’autres, d’un calme presque inquiétant. L’originalité du combo tient bien évidemment à son instrumentarium, sans piano ni basse, mais avec un violoncelle aussi rythmique que mélodique et qui sonne parfois comme si l’électronique s’en mêlait. « C’est du violoncelle préparé, explique Manu Hermia, parfois il y a des pinces à linge, parfois des ressorts, mais il n’y a aucun autre effet. » Le violoncelle occupe une position centrale, une assise répétitive et mouvante à partir de laquelle le saxophoniste et le batteur percussionniste peuvent se lancer dans leur délire « à l’énergie free rock punky ». « J’ai beaucoup travaillé les multiphoniques, dit Manu Hermia, le doigté du saxo produit plusieurs sons en même temps, pas toujours justes d’ailleurs. Ce procédé, courant dans la musique contemporaine et le langage improvisé, j’avais envie de l’intégrer dans mon environnement. » Cet album, réalisé par « les sauvages », selon l’expression du saxophoniste belge, a d’ailleurs tout l’air gorgé d’impro, mais : « C’est très structuré, les thèmes sont écrits, comme les paliers où l’on se rencontre. L’espace pour solos a l’air free, mais on sait exactement jusqu’où l’on peut aller. » Au point jusque dans ses extrêmes, la musique de ce trio infernal explore des espaces inouïs, non sans enjeux philosophiques, spirituels voire humoristiques.