The K.
Rock en slip
Il aura fallu attendre cinq ans pour pouvoir jeter une oreille et même les deux sur un nouvel album signé The K. Mais ces garçons furent fort occupés par des projets parallèles ! Récemment, eux aussi ont eu à se plier aux conséquences de la crise sanitaire : Amputate Corporate Art, le disque en question, est sorti en plein confinement. Pour les concerts, on attendra encore un peu…
Au commencement, c’est-à-dire du côté des années 2010, était The Kerbcrawlers, vite devenu The K. On vous l’accorde : c’est autrement plus simple à retenir et graphiquement intéressant. Deux albums énervés plus tard, le trio liégeois a quelque peu changé, affichant aujourd’hui un nouveau visage. « Le bassiste avec lequel j’ai monté le groupe à l’époque n’est plus là, commente Sébastien von Landau (guitare, chant). Même si on a eu quelques dates ces trois dernières années, on ne s’est quasiment pas vus pendant deux ans et demi. On a pris du temps pour monter nos projets respectifs. Bert (Bert Minnaert alias Sigfried Burroughs, batterie – ndlr) a travaillé avec Onmens, et moi avec Wyatt E. quand l’album est sorti (il joue désormais aussi avec Cocaine Piss – ndlr). Et puis on s’est retrouvés avec l’envie quand même de donner suite à The K. Peut-être d’une manière différente maintenant que la dynamique est différente. Greg (Grégory Mertz, aka Danger, basse – ndlr) s’est très bien intégré, et on a vraiment composé un album à trois. Dans le garage, comme on le faisait auparavant, mais en se disant qu’on ne mettrait pas de barrière dans ce qu’on allait vouloir faire. Notre parti pris, c’était justement de ne pas en prendre. »
Amputate Corporate Art fait suite à My Flesh Reveals Millions Of Souls sorti en 2012 et Burning Pattern Etiquette paru en 2015. De l’un à l’autre, on sent à chaque fois une volonté de ne pas rester figé, d’ajouter quelques expériences à l’ADN du groupe. Sur le petit dernier qui a toujours quelques racines plantées dans les nineties, on découvre ainsi une compo calme (Everything Hurts) et des choses très punks (comme l’uppercut The Rougher Aspects Of Love). « C’est surtout un album pour lequel on s’est dit qu’on allait l’enregistrer une fois qu’il était enregistrable. L’écriture, de la musique comme des textes, s’avère plus mature. Pour la première fois, je suis sorti du studio en me disant : Je pense qu’on a fait un bon album. C’est mon point de vue, Bert aura une approche différente, mais le studio, pour moi, ce n’est pas un plaisir. Avec The K en tout cas. Parfois on composait encore ou on changeait des textes sur place. Cette fois-ci, l’album était écrit, maquetté comme il allait être enregistré. »
Jamais sans son slip
The K. n’a jamais été avare de titres imprimant la rétine à la lecture et dégageant quelque chose de radical dans l’esprit. Amputate Corporate Art, donc… Comme une manière de marquer le changement : « On est tous trentenaire aujourd’hui, c’est un troisième album, la tournée précédente a été géniale mais très éprouvante, on s’est séparés des personnes avec qui on était à l’époque… On s’est dit qu’on ne pouvait pas revenir avec encore la même chose. Il fallait qu’on s’affirme dans notre radicalité. Ce qui ne veut pas dire qu’on devait être plus violents dans la musique : ce qui devait être plus violent le serait, ce qui devait être plus calme le serait, et si on avait envie de faire une ballade, eh bien on ferait une ballade ! » Et des morceaux rattrapés par l’actualité. Tel The Future Is Bright, en écho à cet autre single qu’est Shit Day… « Au départ, je ne suis pas quelqu’un d’hyper positif, qui a de bons espoirs pour la suite. Peut-être que l’actualité très récente vient un peu l’oblitérer, mais j’ai l’impression qu’on est dans une époque où tout doit être génial, présenté sous son meilleur jour. Mais non, parfois il manque aussi du contenu ! »
Celui d’Amputate Corporate Art se découvre sous un très beau… slip ! Plus de dessin, plus d’illustrateur cette fois, le trio a opté pour une pochette sur laquelle figure le caleçon que tous ceux qui ont déjà vu The K. en live connaissent bien ! C’est que leur designer, Thierry Tönnes, avait l’impression que les pochettes précédentes ne reflétaient pas du tout l’imagerie du groupe. « Il y a ce slip que tu portes tout le temps, on va en faire un ready-made ! Une pièce de Duchamp quoi, ce qui fait écho à l’art corporate que Duchamp a complètement crucifié au début du 20e siècle. Bon, on est bien conscients qu’on ne fait pas de l’avant-garde. Ce n’est pas l’art en soi qu’on ampute, c’est un peu le “nous” d’avant. »
The K.
Amputate Corporate Art
Autoproduction