Antoine Loyer & Mégalodons Malades
L'art de la marge
Antoine Loyer imagine d’autres façons de chanter la langue française. Entre comptines pour enfants et musiques traditionnelles sous psychotropes, ses mélodies reviennent à l’essentiel : le goût du risque, le sens du partage, l’amour, la fête, la vie.
Épaulé d’un collectif baptisé Mégalodons Malades, Antoine Loyer vient de publier un disque intitulé Sauce chien et la guitare au poireau. Née dans les rues de Bruxelles, cette recette sans additif tient d’abord au parcours du chanteur. « Je suis né en France, retrace-t-il. Mais j’ai toujours été fasciné par le plat pays. À tel point que je m’y suis installé en 2012. Avec ce disque, je voulais d’ailleurs évoquer ma relation à la Belgique. Mais j’ai un peu dévié de ma trajectoire… »
Quelque part entre les délires co(s)miques de Philippe Katerine et la spontanéité psychédélique d’un Mayo Thompson (Red Krayola), Antoine Loyer orchestre des chansons folkloriques avec les filles de Mégalodons Malades. « À l’origine, elles ne sont pas chanteuses. Du coup, elles dégagent une énergie que les professionnelles perdent bien souvent en chemin. »
En marge du connu, de l’habituel et du consensuel, les compos d’Antoine Loyer arpentent un circuit parallèle. Un itinéraire bis qui évoque des veillées sous LSD, l’âge d’or de l’anti-folk, les chants hippies et, surtout, un besoin d’être ensemble. Pour chanter. Jouer de la musique autrement. Tout simplement. À l’écart des formats, le Bruxellois ébranle le champ de la perception. « Certains considèrent que ma musique est un sacré foutoir. Pourtant, chaque élément est réfléchi, posé et soigneusement agencé. »
Quasi inclassables, ces ritournelles bordées de chœurs féminins lorgnent pourtant en direction des musiques traditionnelles. « Elles prennent un sens profond en fonction des contextes. J’ai beaucoup d’admiration pour tout ça, en particulier pour les musiques traditionnelles africaines. » Enfin, les chansons s’amusent de tout et de rien avec un à-propos enfantin. Cet aspect s’enracine dans le quotidien d’Antoine Loyer. « J’anime des ateliers d’écriture pour les petits, explique-t-il. En trois ans, nous avons composé près de mille morceaux assez rigolos (à écouter sur le Bandcamp des Ateliers Rommelpot, – ndlr). Le morceau qui ouvre l’album (Patate) est d’ailleurs un prolongement de mon travail avec les enfants. J’aime bosser avec eux: ils sont drôles, généreux et leur rapport à la musique est toujours instinctif. »
Antoine Loyer & Mégalodons Malades
Sauce chien et la guitare au poireau
Le Saule