Lia Bertels
Artiste animée
Musicienne à ses heures perdues, réalisatrice et scénariste à temps plein, la Bruxelloise esquisse l’avenir du cinéma d’animation. Entre films récompensés et clips remarqués, son style impose le respect.
«Depuis que je suis toute petite, je dessine et j’écris des scénarios », raconte Lia Bertels. J’avais 7 ans lorsque j’ai illustré ma première histoire : le récit de deux personnages plongés dans le noir. Ce n’était pas un exposé linéaire. Juste du ressenti et des émotions. Cet aspect transparaît aujourd’hui encore dans mes productions. » Pour la Bruxelloise, les planètes s’alignent lors d’une exposition consacrée aux animations du Sud-Africain William Kentridge. « Son travail repose sur des dessins au charbon ou au fusain. En découvrant ses créations, j’ai su ce que je voulais faire. » Aussi, en 2006, entame-t-elle des études à La Cambre, option cinéma d’animation. « Dans ce cadre, j’ai réalisé Nuit Chérie et Micro-dortoir, deux films qui ont été sélectionnés dans des festivals, à Annecy, notamment. Où un producteur m’a proposé de faire un film. » Après dix ans de gestation, le film en question vient tout juste de voir le jour. Auréolé du prix du meilleur court métrage belge lors du Festival Anima 2020, On n’est pas près d’être des Super Héros est maintenant amené à défendre les couleurs de la Belgique du côté de Séoul et Ottawa. « Mais avec la pandémie, ces compétitions internationales sont reportées, explique Lia Bertels. Cela veut dire qu’en 2021, nous serons encore dans une optique de développement et de présentation du projet. »
En attendant, Lia Bertels ne perd pas son temps. Sur le point de sortir un livre pour enfants, elle vient d’achever +32, une série RTBF diffusée en exclu sur Instagram. Surtout, elle collabore étroitement avec la chanteuse de jazz franco-américaine Cécile McLorin Salvant, déjà récompensée par trois Grammy Awards pour ses albums. « Elle m’a contactée pour que je réalise un long-métrage d’animation inspiré de sa prochaine comédie musicale : un spectacle intitulé Ogresse. Pour moi, ce projet représente quatre à cinq ans de travail. » Avant d’en arriver là, Lia Bertels est partie de son environnement immédiat. Alexis Den Doncker, son partenaire dans la vie, est l’un des membres fondateurs de Great Mountain Fire. « Quand le groupe a sorti son premier album, j’ai voulu réaliser une vidéo pour It’s Alright, mon morceau préféré. » En quelques dessins apposés sur un visage féminin, l’artiste s’est imposée dans le milieu musical avec des clips pour Nicolas Michaux, Juicy ou Ici Baba. Active au sein de Temple Caché, une société de production française, elle a aussi réalisé des vidéos pour Mélissa Lavaux, Gérald Toto ou Oyster Node. « Mon rêve ultime, ce serait de bosser pour Beyoncé ou Rosalía. En Belgique, j’adorerais faire quelque chose avec Zwangere Guy. Cela étant dit, je me vends rarement en tant que clippeuse. Je préfère me présenter comme réalisatrice de films. » Lia Bertels pourrait aussi évoquer sa vie de musicienne. Puisqu’elle est aussi chanteuse et batteuse chez The Flying Chairs, duo pop-folk formé aux côtés de l’amie Marion Castéra. « Nous prenons énormément de plaisir à jouer ensemble, mais ce n’est pas un plan de carrière. Juste un projet parallèle, un exutoire. » N’empêche. Coups de baguette ou traits de crayon, Lia Bertels fait des merveilles.