Venlo
Amour / N
Trois disques en trois ans, des idées pour les dix prochaines années: Venlo impose son style et entrevoit déjà le monde d’après.
«Au départ, il n’était pas question d’une trilogie, affirme un Venlo contacté de bon matin en visio. Cette idée découle d’une contrepèterie autour de mon nom de famille. À l’état civil, je m’appelle François Lovens… » Ainsi, entre le printemps 2018 et l’hiver 2021, l’artiste sort Sang-froid, Love et N, trois enregistrements qui forment à présent un triptyque. « Ces trois volets sont à l’image de ma personnalité, confie le Liégeois. Au quotidien, j’oscille systématiquement entre l’amour et la haine. Mais à force d’abnégation et de sang-froid, je parviens à contrôler ces deux extrêmes. Au-delà du jeu de mots, cette trilogie scelle une relation de travail exclusive avec Dee Eye, producteur et beatmaker bruxellois connu pour ses collaborations avec Roméo Elvis, Zwangere Guy ou Caballero & JeanJass. C’est en travaillant à ses côtés que j’ai développé mon style. Nous avons même fondé notre propre label (The New Faces, – nldr) avec Dee Eye et mon pote Absolem, lui aussi rappeur et bien souvent backeur dans mes chansons. »
Contrairement à ses prédécesseurs, N s’apprécie sur la longueur. Pour le coup, Venlo prend le temps d’installer ses ambiances narcotiques. D’un flow cool – mais tendu –, il exfiltre sa rage dans la ouate et expulse ses démons dans le cosmos via treize morceaux languides et oppressants. De là à parler d’album, il n’y a qu’un pas… Que Venlo se refuse – pour l’instant – de franchir. « J’ai encore du chemin à parcourir avant de signer un album. Pour moi, c’est un mot sacré. À l’évocation de ce terme, Venlo cite volontiers le nom de Kendrick Lamar. Ses disques sont scénarisés comme des films. Ils sont parfaits. Le jour où j’ai écouté Good Kid, M.A.A.d City, par exemple, j’ai compris le sens du mot album. » Désormais installé à Bruxelles pour le rap et les études, le Liégeois peaufine un univers nacré d’une mélancolie douce-amère. « Sans être sujet à la dépression, j’ai toujours ressenti le besoin d’écrire des chansons quand les choses allaient moins bien, explique-t-il. C’est dans ma nature… Je ne serai jamais le Grand Jojo. Je suis dans une démarche sincère et, même si je fais une musique qui me ressemble, j’espère secrètement que les gens pourront se l’approprier. Là-dessus, pas de bile à se faire : Venlo vise juste et touche sa cible en plein cœur.
Venlo
N
TNF