DRUUGG
Dealers ès-psyché
Nouveau projet, nouvel album. Régis Germain et ses camarades d’O.S.H. se réinventent sous le nom de DRUUGG.
Pour raconter proprement l’histoire de DRUUGG avec deux u et deux g pour une question de référencement (« à la base, je voulais qu’on s’appelle Drug mais ça avait déjà été utilisé 10.000 fois, il m’a fallu trouver une autre orthographe »), il faut remonter quatre à cinq ans en arrière et revenir sur le parcours compliqué d’Ode To Space Hassle, O.S.H. pour les intimes. À l’époque, le groupe psychédélique liégeois, fan du Brian Jonestown Massacre, voit comme tant d’autres la sortie de son premier album perturbée par la pandémie. «On avait quand même pas mal de trucs de prévus, se souvient Régis Germain. Mais tout a été annulé. JauneOrange a fait ce qu’il a pu mais on n’a eu aucun retour presse et on a très peu joué. Ça n’a jamais décollé. Le projet est passé complètement inaperçu.»
Régis Germain
Je voulais que ça sonne crade. Que ça aille fort.
Il faut dire que le psychédélisme s’est un peu essoufflé et a perdu ces dernières années de sa popularité. « Ce n’est plus comme du temps des Scrap Dealers.
À l’époque, on ne faisait rien. On avait une com de merde. Vraiment. On était super nuls sur ce plan-là. Mais on jouait partout. Aujourd’hui, les programmateurs sont de plus en plus frileux. » Le hip-hop est devenu le style numéro 1. Et de loin. « Ça fait un peu vieux boomer de dire ça. Je suis un grand fan. J’en écoute blindé. Mais pour moi, ce que tu entends la plupart du temps aujourd’hui, ce n’est pas du rap. En tout cas, les mongols tout tatoués dans la gueule qui mangent des cakes au Xanax, c’est pas mon délire. »
Bref. Régis a voulu lancer un nouveau groupe. Remettre les compteurs à zéro. Repartir d’une page blanche. « J’ai dit aux autres : O.S.H. est en train de mourir. On le sait. Et moi, ne serait-ce que pour ma santé mentale, j’ai besoin d’avancer. De m’investir dans un autre truc que ce projet qui fait du surplace quand il ne va pas à reculons. Ils n’ont pas été difficiles à convaincre. »
Rejoint par Adrien Chapelle de Gros Coeur, DRUUGG a enregistré son premier album au printemps 2024 dans son local de répète. « Je voulais que ça sonne crade. Que ça aille fort. M’orienter vers quelque chose de plus violent. J’adore A Place To Bury Strangers par exemple. Mais cet album mélange un tas de trucs. Le garage, le punk, la musique psychédélique. Avec des morceaux que je trouve pop même parfois. Violents mais mélodieux. On avait envie que les styles se chevauchent. » Le disque se termine avec un titre épique. Une instru psyché de dix minutes. « Un morceau qu’on joue généralement à la fin de nos concerts après nos chansons méga vénères. J’aime cette dualité entre le fait de planer et de s’énerver. »
Mélopée est une berceuse pour malentendants. « C’est d’ailleurs comme ça que s’appelait la chanson dans un premier temps. » Through the Waves raconte l’histoire d’un type amoureux d’un dauphin. Et Lost l’histoire d’un mec perdu. « À un moment, j’ai eu des angoisses quand je me rendais dans de trop grands supermarchés. Ça me faisait bader. Du coup, j’ai écrit une chanson sur un mec paumé. »
Régis s’est aussi pour la première fois mis à chanter en français. C’est arrivé par hasard. Après un forfait de dernière minute d’Adrien pour un concert aux Pays-Bas. « On voulait jouer un morceau qu’il était censé interpréter. Et comme il ne m’a pas envoyé les paroles, j’en ai écrit un dans notre langue maternelle quelques heures avant de monter sur scène. Deux autres chansons en français figurent sur le disque. Quand le garage était en plein boom, il y a une petite quinzaine d’années, tout le monde chantait en anglais à part La Femme ou les Espagnols de Mujeres. Ça me semble aujourd’hui plus assumé. Les gens se lancent. Parce qu’en réalité, utiliser la langue française, c’est super dur. L’anglais ça sonne. Et avec le français, tu as vite l’air con. Ce qui est marrant, c’est qu’en plus ça plaît aux Anglo-Saxons. »
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DRUUGG - Lost (Official Music Video)