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Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

CIAO KENNEDY

L'art du détour

TEXTE : LOUISE HERMANT

Avec Solarium, l’une des figures de cette bouillonnante “nouvelle scène jazz bruxelloise” nous invite à bord de son vaisseau intergalactique, pour un voyage hypnotique, sensoriel et déroutant.

Ces dernières années, la plupart des chansons adopte la fameuse structure ABABCB (couplet, refrain, couplet, refrain, pont, refrain). CIAO KENNEDY, lui, fait plutôt du ACBDEFGH. Le groupe à cinq têtes explose les conventions : puisque sa musique ne rentre dans aucune case, autant tout réinventer et s’affranchir des schémas classiques.

Une approche libre et décomplexée déjà amorcée sur Keldercave (2021) et The Problem is (2022) et prolongée, ici, avec leur vrai premier album long-format. La formation signe pour la première fois sur le label Sdban, à l’instar de leur collègue ECHT!, avec qui ils partagent de nombreux points communs: l’amour de la musique instrumentale, l’agence Magma Collective et leur locaux de répétition, le Volta.
 

CIAO KENNEDY
La musique avance, elle prend l’auditeur d’un point A à un point Z.


Dans Solarium, CIAO KENNEDY revendique son désir de ne pas être linéaire. Les détours sont multiples. On se retrouve, tour à tour, plongé au cœur d’un vieux blockbuster sur une invasion d’aliens, balancé en plein mauvais trip à la Foire du Midi et projeté au début d’une rave au milieu de la nature. « Il y a quelque chose de cinématographique dans ce disque, dans le sens où la musique avance, elle prend l’auditeur d’un point A à un point Z », souligne le guitariste Samuel du Fontbaré.

À travers ce mélange de jazz, d’électro et de post-rock, CIAO KENNEDY cherche à stimuler l’imaginaire. Solarium veut même aller au-delà, en se présentant comme un appel aux sens. « Il y a des morceaux qui sont vraiment basés sur l’écoute, qui sont dans l’attention portée aux textures de son. D’autres sont plus physiques dans le ressenti. Ils permettent de bouger dans des grooves un peu syncopés et asymétriques. »

Une musique parfois exigeante, qui demande un certain abandon. Au début du projet, les cinq copains d’enfance se questionnaient d’ailleurs beaucoup sur cette notion d’accessibilité. « On essaie de travailler de manière plus spontanée maintenant, on pense surtout à ce qui nous plaît. On se dit que si ça nous plaît suffisamment, le public saura aussi l’apprécier. »