Accéder au contenu principal
Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

CHARLES

(Aussi) en français dans le texte

INTERVIEW : LUC LORFÈVRE


Trois ans après Until We Meet Again, Charlotte Foret se métamorphose sur Sabotage, double EP de pop hybride où elle chante en français et en anglais.

Que retenez-vous de l’accueil suscité par votre premier album Until We Meet Again en 2022 et de la tournée qui a suivi?
L’album, tel qu’il est sorti, n’était pas totalement celui que j’avais imaginé. Mais il y avait de la pression de mon label pour qu’il soit publié avant la tournée. Au niveau des streams, j’avoue avoir été quelque peu déçue. Mais ça m’a fait comprendre beaucoup de choses. J’ai appris qu’il ne fallait rien lâcher, être plus ferme dans mes choix artistiques et travailler encore davantage. La tournée, par contre, a été incroyable. Les salles, les festivals, les rencontres, le partage avec le public… La date à Rock Werchter, en juillet 2022, c’était énorme. 
J’ai été contactée trois jours avant le festival pour remplacer Sam Fender qui venait d’annuler. 
L’Ancienne Belgique “sold out” en fin de tournée, c’était aussi une magnifique apothéose.
 

CHARLES
De manière globale, les titres en français marchent mieux
en Fédération Wallonie-Bruxelles que les chansons en anglais.


Vous vous êtes posé beaucoup de questions avant d’envisager la suite?
J’étais une artiste qui remplissait les salles mais ne faisait pas beaucoup de streaming. J’étais heureuse en tournée mais pas entièrement satisfaite de l’album. Sur scène, il y avait une énergie très rock avec des guitares, une batterie… Sur disque, ça passait moins bien, ça manquait de cohésion. Pour Sabotage, j’ai beaucoup collaboré au niveau de l’écriture et des compositions. Par contre, je n’ai travaillé qu’avec Elvin Galland pour la production et le mixage final des chansons. Je voulais un son plus léché, plus électro, plus homogène.

Sabotage est présenté comme un double EP : cinq chansons en anglais et leur adaptation en français. Comment est venue cette idée?
J’ai toujours composé en anglais. Je maîtrise parfaitement la langue. J’ai fait toutes mes études primaires et secondaires en anglais. J’ai grandi avec la scène rock anglo-saxonne alors que je n’ai aucune culture française. Mon nouveau directeur artistique m’a toutefois suggéré d’essayer de chanter en français. Un challenge… J’ai repris mes démos en anglais pour les adapter dans des versions en français. Ce n’est pas de la traduction littérale, c’est impossible. Les thèmes restent identiques mais les mots et les formules changent.

Vous sentez-vous plus à l’aise aujourd’hui avec l’écriture en français?
Au début, c’était l’enfer. Mais je veux approfondir l’expérience. Pour Sabotage, je me suis entourée d’auteurs qui maîtrisent parfaitement l’écriture en français. Notamment Orlane sur le marbre et Le mal en personne et Primero sur Mon ombre et Silence. La plupart des nouvelles chansons que j’écris actuellement sont en français. Et je les adore…

Comment le public a réagi quand vous avez proposé sorti simultanément la même chanson en français et en anglais?
Le single le marbre fonctionne beaucoup mieux que sa version en anglais Marble. J’y vois deux explications. La langue française, c’est nouveau pour moi. Il y a donc un effet de curiosité chez celles et ceux qui me connaissent déjà. Et puis, de manière globale, les titres en français marchent mieux en Fédération Wallonie-Bruxelles que les chansons en anglais. Le but, c’est aussi d’essayer de s’exporter en France.

Plusieurs chansons de Sabotage évoquent les addictions en tout genre. Vous y avez été confrontée récemment?
Si l’EP s’appelle Sabotage, c’est parce que chacune des chansons évoque un moment de ma vie où je me suis auto-sabotée ou que quelqu’un dans mon entourage m’a sabotée. Marbre/Marble, par exemple, est liée à l’après-covid, quand mes potes et moi, nous ne pensions qu’à faire la fête et à nous défoncer la gueule. C’est là que j’ai été confrontée pour la première fois aux drogues. Je n’ai rien pris personnellement mais je sentais que ça arrivait dangereusement vers moi. Cette chanson, c’est surtout l’histoire de mon ex-copain qui lui, était à fond dedans.