Accéder au contenu principal
Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

Hotel Beethoven

Cabinet de curiosités de Ludwig Van

Stéphane Renard

Prolongation d’“Hotel Beethoven” à Bozar, une exposition intelligente et grand public qui tente de percer le mythe du grand Ludwig. À savourer avec les yeux et les oreilles.

BEETHOVEN’S TRUMPET (WITH EAR) OPUS #133

Si la pandémie a sérieusement perturbé les nombreuses festivités et concerts qui auraient dû célébrer le 250e anniversaire de la naissance de Beethoven, la réouverture et la prolongation de l’expo Hotel Beethoven à Bozar mettra un peu de baume au cœur des mélomanes. L’intérêt de ce parcours fléché, présenté à Bonn en début d’année mais profondément repensé dans sa version bruxelloise, est de s’interroger sur la dimension iconique acquise par le compositeur dès après sa mort. Comme le rappelle Jérôme Giersé, nouveau directeur de Bozar Music, « le monde entier s’est emparé de l’image de Beethoven. Il était intéressant de se demander pourquoi. » Cette appropriation planétaire explique le titre d’“Hotel Beethoven” – il y en a partout dans le monde –, autant que le concept scénique de l’expo. La succession de “chambres” thématiques aborde ainsi différentes facettes essentielles de l’univers beethovenien, qu’il s’agisse de sa dimension mythique, de sa démarche créative, de sa vision politique ou, bien sûr, de sa surdité. Une telle expo se devait évidemment d’associer le visuel et le sonore, ce qu’elle fait avec une grande habileté, sans jamais verser dans le discours lénifiant. L’idée de faire voisiner une série de partitions, de manuscrits et d’objets d’époque avec des œuvres contemporaines signées Bourdelle, Warhol, Paterson et Baldessari est d’ailleurs une manière originale de rappeler toute la modernité de celui qui ouvrit sa 5e symphonie par les célébrissimes “Pom Pom Pom Poom”, d’une audace inouïe pour son époque.

C’est cependant la chambre qui accueille les pianoforte historiques de la collection Maene qui constitue l’un des jalons majeurs du parcours. L’installation sonore permet de découvrir les couleurs de chacun des instruments présentés, témoins de l’évolution progressive du piano au fil du temps, ce qui influencera l’écriture de Beethoven. L’un de ces pianoforte est même équipé d’une reconstitution de la “Gehörmaschine”, cette “machine à entendre” qui devait lui permettre de percevoir les sons de son piano malgré sa surdité croissante…

Hotel Beethoven Bozar (Bruxelles)
www.bozar.be
Jusqu’au 14 février 2021