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Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

Kiki à Paris

Un album, des années folles

Vanessa Fantinel

Dans le Paris bohème des années 20, Alice Prin dite “Kiki”, partie de rien, s’est imposée sur la scène artistique, notamment comme modèle : Le Violon d’Ingres de Man Ray, la femme-violoncelle, c’est elle. Nous avons posé trois questions à Albane Carrère, la mezzo-soprano qui endosse le rôle, et la voix, de Kiki dans un album porté par le label Cypres.

Sur l’album, vous voyagez entre les registres classique (Debussy, Poulenc…) et populaire (Barbara, Birkin, Hoshi…) et vous avez choisi d’illustrer la démarche par la figure de Kiki. Vous revendiquez une forme d’émancipation?
Albane Carrère : Le disque s’appelle Kiki à Paris : Paris, parce que c’est en français mais c’est vrai que, toutes les trois, on avait envie de réaliser un disque “culotté”. Sur l’enregistrement, les chansons sont un peu mélangées. En concert, le spectacle est plutôt construit en crescendo. On vit une époque où le corps de la femme se libère, sa parole et sa pensée aussi, et on voulait un projet qui porte cette réalité. Plus personnellement, en tant que chanteuse, c’était jouissif de pouvoir me concentrer sur ce que j’avais à dire. Le lyrique, c’est toujours un peu sportif, il y a beaucoup de longues phrases avec, souvent, un aigu à la fin et c’est toujours un petit défi. Il faut se concentrer sur la formation du son et, quand vous arrivez au bout, vous êtes content, c’est la récompense de tant d’années de travail et de discipline. Et ça me plaît mais, dans ce répertoire-ci, je peux vraiment dire les choses de manière plus évidente et ressentie. Ce disque, c’est un plaisir complet, complémentaire. On est aussi très assorties, avec mes compagnes musiciennes. Elsa est quelqu’un de très moderne, dans son approche musicale et ses idées, et Magali apporte une petite touche rock que j’adore.


Albane Carrère
Ces textes racontent des histoires d’amour ratées… ou réussies.
La vie quoi!

 

Vous êtes en trio avec Elsa de Lacerda et Magali Rischette, les arrangements sont de Jean-Luc Fafchamps. Comment avez-vous sélectionné les morceaux?
Chacun a donné ses idées. Personnellement j’avais envie de chanter Piaf et Barbara mais je n’aurais jamais imaginé toucher aux chansons de Brigitte Fontaine ou de Juliette, qui sont des propositions de Jean-Luc. Il a aussi apporté sa propre composition sur Je voudrais pas crever de Boris Vian et c’est Elsa qui a proposé Dalida… C’est vraiment une combinaison de ce qu’on avait chacun et chacune envie de faire.

Le disque se présente comme une « véritable déclaration amoureuse ». À qui s’adresse-t-elle? 

On adore ces chansons et il se fait que, par hasard, nous nous sommes retrouvées autour du disque à un moment où l’on était chacune à un tournant de nos vies personnelles et musicales. Ces textes racontent des histoires d’amour ratées… ou réussies. La vie quoi! J’espère que le public aura envie de les prendre à son compte et de les adresser à qui il veut.