Le 3ème rapport Scivias
Toujours pas (assez) là!
Où sont les femmes, les personnes non-binaires et transgenres au sein des festivals belges? Voici comment s’intitule le troisième rapport Scivias paru cet automne. Une étude indispensable, qui rappelle l’importance de quantifier, encore et toujours, afin d’objectiver les inégalités et tenter d’y remédier.
Une méthodologie renforcée
Pour la troisième année consécutive, Sarah Bouhatous et son équipe ont récolté et analysé une multitude de données auprès de plusieurs festivals de musiques classiques et actuelles opérant en Fédération Wallonie-Bruxelles. Leur mission? Évaluer l’importance des inégalités de genre au sein des line-ups et des équipes de programmation des festivals belges: parmi les données récoltées auprès des 41 festivals sélectionnés – tels que Fifty Lab, La Nature Festival, Brosella Festival ou encore Jam’in Jette –, on retrouve notamment la part de personnes FINTA (Femmes, Intersexes, Non-binaires, Transgenres, Agenres) sur scène ainsi qu’aux postes de programmation mais également des données nouvelles, comme les horaires de passages des artistes. « Ça donne des graphiques hyper intéressants: on voit immédiatement à quel point il y a un déséquilibre. Les femmes, personnes non-binaires et transgenres vont être programmé·es en général au début, sur les premières heures, et puis on va les retrouver à la fin de journée, sur les dernières heures », explique Sarah, avant d’ajouter: « C'est une donnée importante quand on sait que ce sont en général des horaires réputés pour attirer moins de festivaliers et festivalières ».
Sarah Bouhatous
Cette année, on a enrichi les pages d’analyse,
pour expliquer les chiffres dans l’espoir que
cela puisse amener une prise de conscience encore plus grande.
Quelques chiffres
« Il y a une très légère augmentation des personnes FINTA sur les scènes des festivals. En revanche, il y a un recul des femmes cisgenres dans les équipes en programmation. Quand on sait à quel point le lien est important entre qui programme et qui est programmé, c’est très important de le pointer », souligne-t-elle. Tandis que le rapport révèle une augmentation de 1,5% de femmes cisgenres sur les scènes des festivals – ainsi qu’une évolution positive de 0,4% pour les personnes transgenres et non-binaires – le taux de programmatrices femmes a chuté par rapport à l’année dernière. « Il y a 2% de programmatrices en moins cette année, surtout au sein des festivals de musique classique pour lesquels la baisse est la plus visible : on était arrivé·es à une parité l’an dernier et cette année on n’a que 44% de programmatrices pour les musiques classiques », poursuit-elle.
Outils et pistes de solutions
Quand il s’agit de lutter contre les inégalités, les rendre visibles est la première étape du processus. Ensuite, place aux prises de conscience et à l’élaboration d’outils. « Cette année, on a enrichi les pages d’analyse pour expliquer les chiffres dans l’espoir que cela puisse amener une prise de conscience encore plus grande, » explique Sarah. Pour ce faire, l’équipe de Scivias a travaillé main dans la main avec la sociologue Louise de Brabandere, qui a amené plusieurs éléments d’analyse pour étoffer les chiffres et mieux les expliquer. « On a également proposé différents pics d’action: toutes sortes d’idées pour mettre en place plus d’égalité sur les scènes mais aussi au sein des organisations du secteur. Et puis on a également ajouté une page de ressources. Tout est là, il faut juste s’en emparer », ajoute-elle. Encourager la quantification, élargir le travail de programmation en proposant des cartes blanches, par exemple, font partie de la solution. Tout comme lutter et prévenir les violences sexistes et sexuelles, qui empêchent certaines personnes FINTA de se professionnaliser. Bref, au boulot!