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Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

Ykons

La pop décomplexée

Luc Lorfèvre

Ykons, c’est à la base cinq amis originaires de Herve qui décident de faire du pop rock accessible, sans prise de tête et 100% positif. Si certains médias défenseurs de la cause “indie” ont réagi tièdement, le public, lui, a plébiscité ce groupe prônant une approche mélodique et une bienveillance artisanale. Avec son deuxième album intitulé Cloud Nine, Ykons muscle toutefois le son et affirme de nouvelles ambitions. Explications avec le chanteur/compositeur Renaud Godart.

Le concert “release” d’Ykons à l’Ancienne Belgique du 12 avril dernier affichait complet plus d’un mois avant la sortie de Cloud Nine. Qu’avez-vous ressenti?
Jusqu’au jour du concert, j’éprouvais un sentiment qui relevait de l’irrationnel. Ni question, ni pression… Je ne me rendais tout simplement pas compte, tellement ça me paraissait dingue. Avec les membres d’Ykons, nous sommes allés voir plein d’artistes belges et internationaux à l’Ancienne Belgique. Y jouer avec notre groupe relavait déjà du rêve fou mais alors faire un sold-out…

À l’issue de votre dernière tournée en 2023, vous avez proposé en streaming et en vinyle deux enregistrements live, l’un au Forum de Liège, l’autre à la Madeleine de Bruxelles. Une manière de rappeler que c’est sur scène qu’Ykons prend toute sa dimension?
Il y a de ça, bien évidemment. Depuis notre première répétition, Ykons a toujours fait de la musique dans le but de la partager sur scène. On fonctionne encore “à l’ancienne”. Aller en studio pour enregistrer des albums ou des EP, tourner des clips pour faire connaître nos singles, faire de la promo, répéter… Tout ça dans un seul but : donner des concerts. C’est notre ADN. Les vinyles live, c’était aussi une manière de prolonger le plaisir, de garder une trace physique de ces moments de magie. Pour nous et pour ceux qui étaient au Forum et à la Madeleine.

 

Renaud Godart

Il s’avère que nous faisons du bien à des personnes.
Rien que pour ça, l’aventure vaut le coup.

 

Vous évoquez l’ADN d’Ykons. De quoi est-il composé?
Ykons, c’est cinq garçons qui ont eu envie de faire de la musique car ils avaient un trop-plein d’énergie. C’est aussi simple que ça. On assume aussi beaucoup ce côté “vrai” et “authentique” de notre démarche. Dans nos têtes, dans nos fringues, dans les mots, nous sommes les mêmes sur scène qu’en dehors. Musicalement, il n’y a rien de calculé ou de cérébral chez nous. Ce qui nous importe, c’est de faire bouger les gens, de les aider pendant une heure trente à “foutre le camp” le plus loin possible de leurs contraintes quotidiennes.

Par rapport à votre premier album Reflected (2019), diriez-vous que Cloud Nine est une révolution ou une évolution?
Je n’oserais pas parler de révolution. Mais depuis nos débuts, il y a eu de belles rencontres humaines et professionnelles qui sont venues nourrir le projet et l’ont forcément fait avancer. L’évolution la plus marquante se trouve dans le son. Reflected est un disque autoproduit par des mecs qui découvrent tout par eux-mêmes. Le EP Colors And Lines en 2021 est une nouvelle étape où Thibaut Demey (alias Doowy) nous aide à remodeler nos chansons, notamment Sequoia Trees (leur chanson la plus connue, 8.000 diffusions radio, 18 semaines dans l’Ultratop Belgium, – ndlr). Avec Cloud Nine, on trouve une pièce supplémentaire du puzzle Ykons avec l’aide de Julien Joris et Benoît Leclercq de Delta. Quand nous avons commencé à travailler avec eux, ils nous ont dit : « Vous avez une identité et des bonnes chansons. Laissez-vous guider par celles-ci et ne vous laissez par influencer par les formats. » Ça nous a libérés…

 

Renaud Godart

Je m’en fous que certains médias nous disent
que notre musique est trop consensuelle.

 

Des titres comme Sweet Part Of You ou By The Storm sont plus tranchés dans les sonorités. Une manière de réagir à plusieurs médias qui vous reprochent une approche trop lisse?
Non, c’est notre volonté. Je m’en fous que certains médias nous disent que notre musique est trop consensuelle. Je ne le prends même pas mal. Il y a des gens qui adorent écouter du black metal ou du rock indie plus abrasif et j’en suis ravi mais ce n’est pas mon cas. Ykons fait du Ykons. On joue la musique qu’on aime entendre et il se trouve que plein de gens l’aiment aussi. Avec Cloud Nine, nous n’avons pas essayé de plaire, on a pris des risques et on espère que le public va adhérer.

Les thèmes de l’acceptation de soi et de la résilience reviennent souvent dans vos chansons. C’est votre credo?
Nous avons toujours véhiculé des messages positifs avec Ykons. Avec l’âge, cet état d’esprit se confirme. À la quarantaine, tu prends davantage conscience des choses qui sont belles et auxquelles tu n’avais pas spécialement fait attention avant. C’est ce que nous racontons notamment dans la chanson New State Of Mind. Et puis ça fait aussi écho au groupe. Sans pour autant se dire que tout est gagné, nous sommes fiers de notre parcours. Après les concerts, il y a des tas de filles et de garçons de tous les âges qui viennent nous dire : « Ce que vous délivrez dans vos chansons, ça nous fait plus d’effets que des antidépresseurs ». Mine de rien, c’est énorme. Personne n’est jamais venu nous trouver à nos débuts en disant : « Il faut que vous fassiez de la musique pour aider les gens ». On a décidé comme des grands sans savoir où tout ça allait nous mener. Et puis au final, il s’avère que nous faisons du bien à des personnes. Rien que pour ça, l’aventure vaut le coup.

Quelque part entre Puggy et Mustii, vous êtes la preuve vivante qu’on peut faire du pop rock en Fédération Wallonie-Bruxelles et toucher un public bien plus large que la niche. Quels conseils donneriez-vous à de jeunes groupes?
Le premier conseil que je donnerais c’est que si vous avez envie de faire de la musique, il faut y penser tout le temps. Ça doit être votre pain quotidien. Personne n’y croira plus que vous. Et plus vous y croyez, plus vous vous rapprocherez du but. Un autre conseil, n’écoutez que les gens qui vous veulent du bien. Les gens qui vous disent « C’est intéressant votre musique, mais… », c’est qu’ils ne vous aiment pas. C’est leur droit mais leurs conseils ne seront jamais utiles. Par contre, ceux qui apprécient votre projet et vous font des suggestions constructives méritent toute votre attention et… du travail supplémentaire.