Scarlett O’Hanna
De si précieux petits riens
Disparue des écrans radars après trois albums ultra soignés, Scarlett O’Hanna rompt un silence de près de dix ans. Après une crise et quelques déménagements, la chanteuse marque son retour au sommet de la pop alternative avec l’album Precious Nothings.
D’origine française, la traductrice Anna Muchin s’est glissée dans la peau de Scarlett O’Hanna en arrivant sur les pavés bruxellois en 2011. Animée par des envies indie-folk, la multi-instrumentiste franco-grecque a le don d’émouvoir. Modèles de pop soyeuse et mélancolique, ses trois premiers albums lui ouvrent d’ailleurs les portes du bonheur : l’AB aux côtés de Wilco, le Cirque Royal avec CocoRosie, des tournées en Allemagne ou aux États-Unis et puis… silence radio. « Après Romance Floats en 2014, j’ai traversé une période de deuil et de déceptions personnelles. La crise de la dette publique grecque a plongé le pays dans l’austérité. C’était un trauma collectif. Ma famille et des amis se sont retrouvés démunis. Je n’avais plus le cœur à chanter. Face à ce désarroi, j’ai eu le sentiment que nos vies n’avaient aucune valeur. D’un coup, j’ai pris conscience de la précarité et des vices du système des classes sociales. » Partie explorer d’autres formes d’écriture, l’artiste façonne des podcasts, des BO et des génériques pour des productions audiovisuelles. Sur scène, elle tourne avec le groupe américain She Keeps Bees et compose la musique d’un spectacle dirigé par la chorégraphe Vera Tussing. Elle revient avec les sept morceaux de Precious Nothings. « Ce titre est à mettre en relation avec la situation en Grèce mais aussi avec ma propre expérience. Durant la pandémie, j’ai dû déménager à trois reprises. J’ai été confrontée aux réalités du marché. À Bruxelles, comme dans d’autres capitales, la crise du logement est une réalité. Ce n’est plus aussi évident de s’enraciner là où on se sent bien… »
Enregistré et mixé en dix jours aux côtés de Pieterjan Coppejans (Sylvie Kreusch, Eefje de Visser), Precious Nothings recèle des mélodies cinématographiques et enveloppantes. Chantées en grec ou en anglais, brodées autour d’un piano et d’arrangements luxuriants, les chansons s’évadent sur les hauteurs de la pop moderne, non loin des exploits d’Angel Olsen ou de Bat for Lashes.