L’Eden
Le paradis de Charleroi
Niché en plein cœur de Charleroi, le Centre culturel l’Eden a une seule mission : faire briller la culture locale et internationale au sein d’un lieu inclusif, mêlant les disciplines et les publics.
L’Eden, un espace pluriel
L’Eden s’est toujours imposé comme l’un des lieux phares de la scène culturelle en Fédération Wallonie-Bruxelles. Initialement, il s’agissait d’un théâtre : « Dans les années 1890, on y présentait des opérettes, des spectacles wallons. Le théâtre a fait faillite lors de la Première Guerre Mondiale, puis le bâtiment est devenu une salle des fêtes, une salle de boxe, une salle de catch. Une salle polyvalente, comme toutes les villes en ont », explique Fabrice Laurent, directeur de l’Eden. « L’Eden, c’est le fruit d’une époque. Les salles de spectacle, on les appelait toutes L’Eldorado, Le Paradiso, L’Alhambra… Il y avait toujours une notion de paradis terrestre », ajoute-t-il.
Fabrice Laurent
L’Eden est une salle de spectacle dans laquelle on fait beaucoup de choses.
Un lieu vivant et empreint d’histoire, qui, dans les années septante, est devenu un centre culturel à part entière. Un lieu d’expression et de partage, tourné, entre autres, vers la musique. « Historiquement, c’était du blues et de la chanson française. Aujourd’hui, c’est une programmation musiques actuelles au sens large : pop, rock, rap et d’autres styles », explique notre interlocuteur. Monument incontournable de la scène locale, l’Eden porte une attention particulière aux talents carolos : « L’artiste qui a le plus joué à l’Eden depuis une dizaine d’années, c’est JeanJass. Il a d’abord fait des concerts avec son premier groupe, puis il est passé quasiment chaque année, que ce soit en solo ou avec Caballero ». Cela dit,
la programmation de la salle reste variée, s’étendant également à la scène flamande et internationale. « Culturellement, on a tendance à être un peu trop coupés de la Flandre. Je pense que c’est important de maintenir le lien », souligne Fabrice Laurent.
Formé de bureaux, d’une salle de spectacle et d’une superbe brasserie munie de frises et de colonnes – reliques de l’ancien théâtre –, l’Eden abrite aujourd’hui de multiples activités : « À l’origine, l’Eden est une salle de spectacle dans laquelle on fait beaucoup de choses. Non seulement on a un gradin qui peut se replier – ce qui nous permet de faire du théâtre ou des concerts debout –, on a aussi une brasserie dans laquelle on mange à midi, on fait du slam, du stand-up, des conférences et des concerts debout », ajoute Fabrice Laurent. « On défend l’idée d’être un centre culturel qui est un lieu de vie avant d’être une salle de spectacle. »
Un emplacement stratégique
« À Charleroi, il y a une ville haute et une ville basse. On est vraiment situés entre les deux, à l’entrée d’un quartier en pleine transformation, qui s’appelle maintenant Charleroi District Créatif », explique notre interlocuteur. Situé en plein centre-ville, à deux pas du Vecteur et du Palais des Beaux-Arts, l’Eden est habitué à collaborer avec les autres opérateurs culturels locaux, avec lesquels il forme une jolie famille : « En musique, on coordonne aussi la plateforme Fête de la Musique à Charleroi ».
Le Cinq, une nouvelle extension qui tombe à pic
« L’Eden est situé au numéro 1 et au numéro 3 du Boulevard Bertrand à Charleroi. Le Cinq, c’est le numéro 5 », ajoute Fabrice Laurent. Le Cinq, c’est la nouvelle extension dont bénéficie désormais le centre culturel : un lieu annexe à la Brasserie, à la salle de spectacle et aux bureaux, situé dans une ancienne école au look industriel, donnant une vue superbe sur les usines. Un espace d’ateliers, de répétitions, de résidences et de showcases, qui accueillera notamment les artistes programmé·es au festival EMERGE! le 12 avril prochain. « Au départ, on imaginait plutôt y faire des résidences théâtre et jeune public et finalement, on commence à y faire des résidences musique », note Fabrice Laurent. « Le projet de l’Eden prend une couleur en fonction des envies et des attentes des associations et des artistes (…) On a pensé la rénovation de l’extension en nous disant que le projet pouvait évoluer au fil des ans. »
Une vocation socio-culturelle
En plus de favoriser la création, l’Eden met un point d’honneur à tisser des liens forts avec la communauté locale. À l’intérieur et en dehors des bâtiments, diverses activités sont mises en place pour redynamiser le centre-ville : « Le projet le plus important de l’année, c’est la dynamisation du Carnaval de Charleroi avec des ateliers qui se déroulent dans les maisons de jeunes, dans les espaces citoyens du CPAS et avec différentes associations locales », explique Fabrice Laurent. Certains ateliers se sont également déroulés à l’intérieur du centre, comme la confection de masques avec les enfants. Un espace pluriel et inclusif, donc, qui mêle et rassemble les publics : « On vient à l’Eden pour différentes choses : pour venir y manger à midi, pour participer à une réunion, pour participer à un atelier le mercredi après-midi, ou, dans le cas des artistes professionnels, pour répéter. C’est une volonté de mélanger délibérément des activités de la citoyenneté, des pratiques amateures et des pratiques professionnelles ». Travaillant main dans la main avec les associations locales, l’Eden propose également des activités destinées aux jeunes adultes, mêlant culture et expression identitaire. « Chaque année, on accueille la soirée annuelle de l’équipe de roller derby de Charleroi et on fait une soirée roller disco dans la salle. On a aussi un concours de danse hip-hop qui s’appelle le HIP-HOP A6000 », ajoute notre interlocuteur.
EMERGE !
Le 12 avril prochain se tiendra la deuxième édition du festival EMERGE!, une journée dédiée à la musique alternative et à la découverte de nouveaux talents. Au programme : des concerts et DJ sets programmés par Magma, Five Oh!, SuperKarma, Odessa – Maison d’artistes, Peter Verstraelen Agency, [PIAS], le Vecteur et l’Eden, qui joignent leurs forces pour mettre un coup de projecteur sur les nouveaux visages de la scène actuelle. À l’affiche, on retrouvera les artistes belges Ciao Kennedy, RaqL, Y O K O C H O, ILA, M I M I, L4U, Youniss, Floèmee, Grégoire Gerstmans, Analog Memory et Spectral Class, mais aussi les Français de Solone et Gwendoline, ainsi que l’américaine vōx. « Cette année, on remet
le couvert parce qu’on a vraiment eu un super feedback l’an dernier. Que ce soit les pros ou le public, tout le monde a trouvé ça génial », explique Nathalie De Lattre, programmatrice Musiques actuelles de l’Eden. Se déroulant dans les différentes salles de l’Eden – dont Le Cinq, nouvelle annexe du centre culturel –, l’évènement sera divisé en showcases de 30 minutes accessibles à toustes, précédés d’une après-midi d’information et de réflexion sur la scène musicale émergente.