Accéder au contenu principal
Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

Jean-Paul Groove

Machine à danser

Didier Stiers

Le nom du groupe peut prêter à sourire mais les trois qui le composent sont des plus sérieux quand ils travaillent pour… mettre du fun sur le dancefloor. On s’en sera rendu compte avec leur EP (sorti le 7 février) et leur concert "release party" au Botanique de ce jeudi 22 février (désolé c'est sold out...). 

Ils sont pour ainsi dire parmi les derniers-nés de cet incubateur qu’est le Volta à Bruxelles, l’endroit qui a déjà accueilli et accueille toujours TUKAN, ECHT! ou encore Lander & Adriaan. Tous ces jeunes gens qui s’approprient les codes de la musique électronique et investissent le dancefloor avec un minimum de “machines”, voire aucune, mais un maximum de “vrais” instruments


Jean-Paul Groove
« Une énergie assez brute et rock qu’on a envie de conserver. »

 

Jean-Paul Groove, c’est Nils Hilhorst (guitare), Jeremy Debuysschere (basse) et Denis Baeten (batterie). Tous les trois sont issus du Conservatoire, tous les trois viennent du jazz et, un jour, tous les trois ont basculé du “Côté Obscur”. Mais pourquoi ? La réponse fuse, dans un éclat de rire : « Le jazz, c’est chiant ! ». Ensuite, plus sérieusement : « On répétait pendant le Covid et on a répété extrêmement souvent. Trois fois par semaine au minimum. Vu qu’on jouait beaucoup ensemble, la musique évoluait progressivement. On cherchait des directions, on essayait des choses. On a amené des effets de guitare, de basse et on s’est dit que tel ou tel petit son électro méritait d’être plus approfondi… C’est surtout dans les premiers concerts qu’on ressentait qu’on était encore fort sous l’influence jazz, fusion et compagnie, avec des solos, mais aussi quelques petites bribes de musique électronique. Et on s’est rendu compte que ça, c’était non seulement hyper kiffant à jouer mais aussi que le public y répondait bien. Et donc, on a de plus en plus viré dans cette direction. »

Parce qu’ils composent réellement à trois, le processus créatif est chez Jean-Paul Groove plus long que la moyenne. C’est une recherche, comme le résume le trio : « Ça nous est déjà arrivé de répéter pendant deux mois et de ne rien trouver. À chaque répète et rien ne sort… On a déjà été plusieurs fois au bord du découragement mais on a continué à chercher. Et puis un jour, ça peut être simplement Nils qui se baisse, pour tester un effet, c’est sur une seule corde de guitare mais, en fait, on trouve un son ! ».

Énergie rock

Premier jalon de ce début de parcours : Violent Party Music. Un EP de cinq titres, garanti cent pour cent sans machines. Enfin, entendons-nous sur le terme. Qu’en est-il de ces effets, qu’on entend par exemple très bien sur un morceau comme Baboon ? « Rien n’est préenregistré !, insiste Denis. Par contre, les “machines”, ce sont les pédales d’effets. » Jeremy détaille : « Tout ça, c’est juste une modification du signal de basse et de guitare. Nils est venu avec pas mal d’effets au début, ensuite moi aussi. C’est devenu comme une inspiration mutuelle. Quand tu vois ce qu’il est possible de faire avec des effets, des multi-effets… dès que tu lies un outil aussi complet à la création, tu peux pousser le truc méga loin ! ».

Mais alors… à quoi cela sert-il donc d’imiter des sons de synthétiseurs avec une basse ou une guitare ? « La réponse à cette question, c’est que tu ne joues pas du synthé et de la basse de la même manière. Dans la manière dont tu vas jouer, ça va créer des choses tout à fait nouvelles. Et dès lors, tu composes autrement. C’est ça qui est intéressant, tu as une autre énergie, qui t’est propre. Une énergie assez brute et rock qu’on a envie de conserver. » Là aussi, entendons-nous sur le terme : « C’est justement cet aspect brut, joué avec des instruments, avec un toucher qui fait que ça se ressent peut-être un peu plus dans l’énergie, dans l’articulation, dans les inflexions… » Ce n’est pas pour rien qu’on trouvera sur cet EP des compos intitulées Trash Club ou Furious Drive !