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par le Conseil de la Musique

Glauque

Chansons dark

Nicolas Capart

Trois ans après un EP des plus remarqués, Glauque signe son grand retour en cette rentrée. L'album Les gens passent, le temps reste est sorti ce 15 septembre.

À quelques semaines de la sortie attendue de leur nouvel album, les quatre de Glauque sont déjà en vadrouille. Dans la foulée de concerts (f)estivaux au Canada, en Suisse, en Allemagne et aux Pays-Bas, c’est à la veille d’une date sur l’estrade de Rock en Seine que nous les avons interceptés, pour quelques bavardages par écrans interposés.

 

Glauque

Nous avons souvent composé dans l’urgence et toujours dans la perspective du live.
Cette fois, c’était pour un disque et on avait le temps.

 

Originaires de la région namuroise, Lucas, Louis, Baptiste et Aadriejan font irruption sur la scène belge avec Robot à l’hiver 2018. Un premier titre rejoint par Plane quelques mois plus tard et par un EP éponyme en avril 2020, juste avant le lockdown. Une pause forcée que le groupe va mettre à profit pour sortir Réécriture. «Pendant le confinement, même si on travaillait déjà sur de nouvelles compos, on s’est dit que ce serait pas mal de proposer des versions alternatives des morceaux du EP, tantôt plus épurées (en piano-voix par exemple), tantôt plus électro.»

Une relecture qui inspire la bande et qui lui permet d’enfin se poser pour créer. «Le confinement a été bénéfique à l’album. Car, depuis notre victoire au Concours Circuit et au concours Du F. dans le texte, 
le groupe a beaucoup tourné. Il a d’abord fallu enregistrer les morceaux qu’on jouait en live et nous n’avions pas encore eu le temps d’en composer de nouveaux. 
Ça nous a donné le loisir d’expérimenter en studio.» Par contre, à l’inverse, cela leur a aussi compliqué la tâche, car le monde de la musique avait changé, «et les gens étaient plus frileux vis-à-vis de projets alternatifs comme le nôtre. On avait su créer l’engouement mais notre EP était sorti en pleine pandémie, ce qui n’était pas idéal d’un point de vue commercial. Ça explique que l’album ne sorte que maintenant.»

C’est finalement Auguri, tourneur français de Glauque, qui leur tendra les oreilles et la main, hébergeant leur LP sur son label naissant. Les gens passent, le temps reste sort en cette rentrée des classes. Un premier album qui porte la signature du quatuor mais qui marque aussi un cap dans son évolution, que ce soit 
en termes de composition ou d’écriture. «La rupture, si rupture il y a, réside dans la finalité à l’heure de composer. Nous l’avions souvent fait dans l’urgence et toujours dans la perspective du live. Cette fois c’était pour un disque et on avait le temps.»

Autre différence majeure: une production à huit mains. À l’époque, seule la moitié des effectifs disposait des moyens techniques pour faire des prods. Cette fois, tous ont pu s’y coller, ce qui donne davantage de couleurs au disque. Une plume plus assumée et affirmée aussi, pour un résultat qui lorgne davantage vers la chanson. «En cela, pour nous, rien n’a changé. Le souci, c’est que le terme est connoté et utilisé pour désigner une forme de chanson française dans laquelle on ne se reconnait pas… Mais, depuis nos débuts, cela a toujours été la meilleure manière de définir notre musique.»

Une direction qui se confirme au fil des mois et prend le pas sur les envies de rap des débuts, avec des piano-voix déjà sur Réécriture et plus encore aujourd’hui. Côté textes, Glauque –comme son nom l’indique–, ce n’est pas vraiment le pays de Candy. Ici encore, la plume se noircit et la danse des mots est macabre, entre deuil et désillusion. «L’âge joue beaucoup à ce niveau-là, explique Louis. Quand j’ai écrit Robot, j’avais 18 ans. J’en ai 25 aujourd’hui et dans l’intervalle on évolue beaucoup. De plus, pendant le confinement, j’écrivais dans mon coin, on était un peu esseulé, et cela se ressent. Après, cela correspond 
au groupe aussi, on n’a jamais eu comme projet de faire de l’afrotrap (rires). La musique que l’on fait va de pair avec les thèmes.»

Celui du deuil est très présent, mais ne renvoie pas forcément à la mort d’un proche et appelle à d’autres lectures. «C’est quelque chose que nous avions chacun expérimenté à un moment de notre vie et qui concerne tout le monde. Il ne s’agit pas forcément ici de la perte d’un être cher mais de toute perte, de tous ces petits deuils plus ou moins longs avec lesquels on doit composer… Au final, c’est plutôt un rapport au temps.»

Enfin, visuellement l’expérimentation se poursuit également, autant au niveau des images que des clips vidéo (Plan large, Noir et le plus récent Pas le choix), et c’est Baptiste qui mène la danse dans ce rayon. 
Un côté DIY jadis imposé par le financier devenu essentiel au fil des années dans l’identité de Glauque. Et 
dont il nous tarde de découvrir la déclinaison sur scène.