Neptunian Maximalism
Le groupe qui explose tous les cadres
Nous sommes prêts à vous le parier : en Belgique, il n’y a pas deux formations comme celle qu’emmène le Franco-Saint-Gillois Guillaume Cazalet. Car qui d'autre mélange drone, métal, doom, rock psyché, transe, free jazz, impro et aspirations cosmiques?
Fenêtres étroites, cage d’escalier itou et tout en virages serrés : on se demande comment Guillaume Cazalet a bien pu trimballer ses meubles et surtout son matériel jusque tout en haut de cet immeuble de la chaussée d’Alsemberg ! Le fait est… qu’il l’a fait, le musicien originaire du Grau-du-Roi en Camargue, lui qui n’a jamais cessé de multiplier les expériences musicales depuis ses six ans à l’école de musique. À la trompette alors qu’il rêvait de guitare électrique ! Pour l’heure, Guillaume Cazalet s’est lancé dans l’exploration de la musique indienne, qu’il apprend et pratique maintenant régulièrement. « J’en ai fait pendant le Covid, tout seul grâce à Internet, nous raconte-t-il. Et des syllabus de la Sangit Academy de Bruxelles. Là, j’ai commencé à prendre des cours en ligne via la Darbar Academy. Darbar, c’est le gros festival de musique indienne qui a lieu chaque année au Barbican Center à Londres. Je prends des cours de sitar, de chant… » Histoire de ramener ça dans la musique de Neptunian Maximalism ? « On est déjà en train de le faire en ce moment à huit : la moitié de notre set live actuellement, c’est “Raga Marwa”, un raga de la musique indienne. Et ce que ça amène est assez intéressant : on le joue à notre façon, c’est-à-dire que ça sonne drone, metal, jazz, mais j’essaie de faire en sorte que les règles et les modalités soient le plus possible celles de la musique indienne. »
Guillaume Cazalet
C’est toujours un peu dur à expliquer en deux mots
mais on ne peut pas lutter contre les étiquettes.
“À huit” ? Vous avez bien lu ! C’est aussi par son line up que Neptunian Maximalism sort de l’ordinaire. Tout a démarré pour Guillaume avec Jean-Jacques Duerinckx (Ze Zorgs), le saxophoniste… « À la base, c’était des petites performances, un peu de recherche, d’improvisation, entre drone metal et saxophone. En mars 2018, j’ai eu envie de booker une résidence avec d’autres musiciens, des batteurs pour essayer d’y intégrer l’élément rythmique… » Un concours de circonstances fait alors que deux batteurs débarquent en même temps : Sébastien Schmit, de K Branding, et Pierre Arese. « La base, c’est de pratiquer une musique jusqu’au-boutiste, sans compromis, et de faire émerger une idée artistique. Il faut adapter le line up à l’intention que tu veux donner et pas l’inverse. » On est donc ici face à un collectif plutôt qu’à un groupe au sens habituel du terme.
Les trois mois qui ont suivi cette résidence seront consacrés à un gros travail sur cette musique évidemment enregistrée. Un travail d’arrangement, de recherche dans le traitement sonore, de post-production, de manière à arriver à quelque chose qu’on puisse avoir envie de réécouter. « L’innovation ou la recherche musicale, c’est bien, mais on est aussi intéressé par une oeuvre en tant que telle. Et là, je me disais qu’on touchait à quelque chose de singulier et que ça ne devait pas rester coincé dans mon disque dur. » But final : obtenir un résultat surréaliste… à vivre sur Eons, un triple album ! « Comme si tu faisais un trip ou que tu avais pris de l’ayahuasca. Comme ces expériences particulières qu’on vit parfois avec une drogue, dans une transe, avec de l’hyperventilation, la méditation, quand on a cette sensation des oreilles qui se bouchent et des sons qui apparaissent différemment avant de revenir à la réalité. »
En parallèle de cette formation à huit, NNMM, ce sont aussi des formules plus réduites, les Arkestra. « On a déjà fait quelques concerts à cinq ou six, en version drone sans batterie… En avril, on envisage aussi de mener de nouvelles recherches en résidence, en faisant intervenir d’autres musiciens. » En tout cas, ce n’est pas demain la veille qu’on arrivera à coller une étiquette sur tout ce qui est déjà sorti de ces expériences ! « C’est toujours un peu dur à expliquer en deux mots, admet Guillaume Cazalet, mais on ne peut pas lutter contre les étiquettes. Alors on fait avec. Et blague à part : on est par exemple très content de jouer dans des festivals de jazz. En vrai, on vit tous ça comme une, entre guillemets, consécration. »