Philippe Delvosalle
10 ans d'Okraïna Records
Collectionneur de sons, géographe de formation, Philippe Delvosalle favorise la rencontre des gens et des genres via les sorties de son label.
Écharpe autour du cou, casquette bleu et jaune sur la tête, Philippe Delvosalle s’apprête à rejoindre le stade de la Royale Union saint-gilloise. « Ce que j’aime ici, c’est l’ambiance dans les tribunes. On y croise des filles et des garçons de toutes les générations. Dans les supporters, il y a des étudiants, des infirmières, des fonctionnaires, des peintres, etc. Les gens ont des origines grecques, portugaises, italiennes… Et, pendant un match, on se parle indifféremment en français ou en néerlandais. Moi, je suis attiré comme un aimant par de tels assortiments. » C’est tellement vrai que, depuis 2012, Philippe Delvosalle crée, lui aussi, des ponts entre des personnalités issues de différents horizons. Avec son label Okraïna Records, il entremêle en effet poésie, littérature, folk, blues et musiques traditionnelles sur des vinyles édités au format dix pouces, tous décorés par les soins de l’illustratrice Gwénola Carrère.
Diplômé en géographie à l’ULB, Philippe Delvosalle prolonge alors sa formation en architecture, à Paris. « Dans le même temps, je collaborais avec Rock This Town, un magazine dans lequel j’écrivais sur l’actu du rock en français. Au bout d’un temps, j’ai trouvé ça frustrant d’écrire sur Les Garçons Bouchers et d’autres groupes qui ne m’intéressaient pas. » Il quitte alors la rédaction pour fonder un fanzine prénommé Bardaf. « Je me suis offert la liberté d’écrire sur ce que j’avais envie d’écouter. » En 1993, toujours à Paris, il inaugure Ubik, petit label dévoué au rock lo-fi. « J’ai publié un 45 tours de The Folk Implosion, puis il y a eu Les Brochettes ou De Portables. » De 1995 à 2001, le géographe travaille à la Cinémathèque. Puis, il prend la route de la Médiathèque (PointCulture) où il gère encore aujourd’hui les collections du cinéma documentaire. Mais quelques semaines après avoir obtenu cet emploi, une explosion de gaz souffle le quartier bruxellois où il habite… « Via des connaissances, je suis alors parti vivre au sein de la communauté de la Ferme du Biéreau, à Louvain-la-Neuve, jusqu’en 2007. À l’époque, habiter là-bas, ça impliquait d’organiser des concerts et des projections pour le ciné-club. » Depuis une quinzaine d’années, Philippe Delvosalle s’investit aussi également dans la programmation du Ptit Faystival, un micro-festival implanté à proximité de Bièvre. « Après seize éditions, j’ai toutefois décidé de passer la main. Je ne peux pas tout faire… » Ce qui ne l’empêche pas de prester, chaque dimanche soir, sur les ondes de Radio Campus. « Cela fait une vingtaine d’années que j’anime MU, une émission dans laquelle nous diffusons de la musique légèrement décalée. Cela va de la pop au field recording. » Encore et toujours une affaire de melting-pot.
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