Alice Khol
Elle a mis en images des morceaux de BRNS, Alek et Les Japonaises, Marc Melià, River Into Lake ou encore Shaka Shams. Réalisé deux documentaires. Et elle travaille actuellement sur un court-métrage de fiction ainsi qu’un clip pour Pierres. Petit tour au jardin d’Alice…
Et de deux ! Le VKRS, pour les intimes le Video Killed The Radio Star Festival, a décerné pour la deuxième fois, en juin dernier, un prix à Alice Khol. La première, c’était pour Je mange du pain d’Alek et Les Japonaises. Et là, cette année, le clip qu’elle a imaginé pour Shaka Shams et son Balrog a pareillement été salué. « C’est toujours encourageant, commente la Bruxelloise d’adoption. Ça montre que le travail plaît. Après, je ne m’inscris pas dans quantité de festivals, ce n’est donc pas comme si j’avais des clips multiprimés ou qui y font un parcours incroyable. Ça s’arrête souvent à la diffusion sur le Net!».
Écrire des images pour la musique, comme elle dit, la passionne. Alice Khol n’a pas fait d’études de cinéma mais suivi des cours du soir de photo, à l’école Agnès Varda. « La vidéo, j’ai appris en pratiquant, aussi… » Elle rit : « Mais je suis beaucoup moins geek que tous ces gars, et passer des heures sur des tutos YouTube, généralement, ça me fait ch… à mort ! Je sais que la 3D est très à la mode, mais ça m’étonnerait qu’un jour, je trouve la patience de m’y mettre. » Vous verrez donc très peu d’effets dans ses clips. Ses compétences sont ailleurs. « J’écris, je tourne et je monte. Quand on se limite à quelques aspects, on peut parfois creuser un peu plus. Et les contraintes poussent à rester créatif ! Je m’interdis certains thèmes que j’ai déjà abordés dans d’autres clips. Avec le tout dernier pour Vaague (Raakma,- ndlr), j’ai essayé de faire quelque chose de non narratif, ce qui m’est peu arrivé, et un seul plan. Parfois, je me dis que pour certains morceaux, moins d’images favorise l’écoute. »
Née à Grenoble, Alice Khol se souvient de la première fois où elle a vu un clip. « J’habitais dans les Hautes-Alpes. Nous n’avions que trois chaînes, je n’allais pas aux concerts, il n’y avait pas vraiment de vie culturelle dans mon village. Dans la vallée, chez des amis, alors que je devais avoir 6 ou 7 ans, sur M6, j’ai vu celui de Voyage, Voyage, je pense. » Elle rit : « Ça m’a frappé. Cette lumière, cette mise en scène… Après, j’ai commencé à faire des clips pour des amis, comme plein de gens. » Et l’intérêt pour la musique ? Venu à l’adolescence : « Par une amie qui m’avait fait découvrir PJ Harvey, Radiohead, Björk… Je me souviens d’émotions incroyables en écoutant Cocteau Twins, par exemple. » Elle philosophe : « Il y a de la musique pour tout, pour nous accompagner dans la vie. Chez beaucoup de gens, ce rapport à la musique s’en va après leur jeunesse. Moi, je n’ai jamais eu envie que ça passe ! »
« Cette photo est tirée de Tarot, un court-métrage musical que j’ai réalisé pour River Into Lake. » Le pitch ? Découpé comme un tirage de Tarot, ce court-métrage musical de 10 minutes scénarisé par Alice, aborde à travers la danse des corps un instant de questionnement d’une jeune femme queer. Si ça s’y prête, dit-elle encore, c’est une piste qu’elle aimerait explorer : moins d’images, plutôt une idée simple. La réalisatrice en est convaincue: si on veut faire un métier de création, on ne devrait pas se fixer de règles ni de limites!