Bernard Mouton
passeur de musique(s) depuis l’an 2000
Son nom n’apparaît jamais sur les affiches. Sans lui, celles des Festivals des Midis-Minimes et de L’Été Mosan ne verraient pourtant jamais le jour. Flûtiste reconverti en homme-orchestre, Bernard Mouton est le directeur artistique de ces deux rendez-vous incontournables de l’été classique. Où il explore sans œillères et les oreilles grandes ouvertes six siècles de répertoire.
Il faut parfois peu de choses pour lancer un destin. Bernard Mouton n’a que six ans lorsqu’il découvre la flûte à bec à l’Institut Saint-Joseph de Rochefort, sa ville natale. Coup de foudre pour l’instrument. Et pour la musique, qui va devenir sa vie. À l’issue d’une scolarité secondaire « pas terrible », des études au Conservatoire de Bruxelles et en musicologie à l’ULB le rassureront sur son avenir. Sur son profil LinkedIn, il affiche “programmateur de musique classique”. Un métier, vraiment ? Oui. Et plutôt deux fois qu’une puisqu’il dirige depuis 22 ans le festival bruxellois des Midis-Minimes et depuis 5 ans celui de L’Été Mosan. Ce « passeur de musiques », comme il aime à se définir, peut dès lors vivre de sa passion en sachant que « l’on ne fait pas cela pour devenir riche », mais en savourant le plaisir (égoïste) d’explorations incessantes et le bonheur (partagé) d’en faire profiter les autres. Car si, sur son île déserte, il emporterait « l’intégrale de Bach ainsi que les quatuors à cordes de Beethoven et de Shostakovich », sa boulimie musicale est sans limite.
Bernard Mouton
La musique n’a de sens qu’en concert vivant, moment de partage !
Démonstration avec “ses” Midis-Minimes et leurs 42 concerts qui courent du Moyen Âge au 20e siècle. « C’est toute la richesse de cet événement, s’enthousiasme-t-il. Une partie du public y découvre des répertoires pour lesquels il ne serait pas venu spontanément, profitant de concerts courts à prix très réduits. » Que du bonheur pour un directeur artistique soucieux de briser la routine du “plus qu’entendu”. Ce qui ne l’empêche pas de garder les pieds sur terre pour L’Été Mosan et sa vingtaine de soirées dans des lieux patrimoniaux prestigieux. « Ce festival-là s’adresse à des mélomanes prêts à faire 80 kilomètres pour la musique qu’ils aiment. Je glisse quelques découvertes dans le programme – on ne se refait pas ! –, mais j’y prends moins de risques, reconnaît-il. Le grand répertoire et des artistes de renom restent les clés, même si j’invite aussi des jeunes artistes de la Chapelle Reine Élisabeth. »
Les jeunes, justement, parlons-en, trop rares à ces concerts. « On peut pourtant les séduire à condition de développer une dimension événementielle le temps d’un weekend, comme l’a réussi Musiq3 à Flagey. » Impensable avec ses rendez-vous à lui, qui durent deux mois, mais qui, bouleversés par l’année Covid, ont plus que jamais prouvé leur raison d’être pour leurs nombreux accros. « On a limité la casse avec de la vidéo, mais ce n’était qu’un pis-aller anecdotique. La musique n’a de sens qu’en concert vivant, moment de partage ! » Partage. Pour Bernard, ce mot est tout simplement « fondamental ».