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Le magazine de l’actualité musicale en Fédération Wallonie - Bruxelles
par le Conseil de la Musique

Pierre Slinckx

Quatre compositions pour l’Ensemble Hopper

BERNARD VINCKEN

«Dans ce monde difficile, j’avais envie de créer de la joie. Avec h#1|2|3|4, j’ai réussi à caser pas mal de mes idées de ces dernières années. C’est un aboutissement dont je suis fier.»

Après c#1 et m#1, une double sortie simultanée en 2019, la première avec Cindy Castillo, la seconde avec le quatuor MP4, Pierre Slinckx nous parle aujourd’hui de son nouveau disque: h#1|2|3|4, qui sera présenté le 10 juin chez Rosas, à Forest, dans la série Ictus invites. Soit quatre compositions travaillées cette fois-ci pour l’Ensemble Hopper. À ce stade, vous avez probablement capté la logique des titres (sinon, revenez un peu en arrière), référencés mais abstraits, au point que le compositeur les préférerait d’ailleurs imprimés aussi petits que possible sur les pochettes: «Mon point de départ et mon inspiration n’ont aucun contenu extra-musical: je démarre d’une idée purement musicale, qui peut être assez technique». Ici, une montée qui semble ne jamais s’arrêter, comme l’escalier sans fin de Lionel Penrose, cet objet impossible auquel répond, dans le monde sonore, le glissando de Risset-Shepard. Jean-Claude Risset, physicien et compositeur français, et Roger Shepard, psychologue cognitiviste américain, empilent des notes à l’octave – les plus aiguës disparaissant en même temps qu’apparaissent les plus graves – et chez Pierre Slinckx, cela génère une excitation jubilatoire, «au point d’avoir envie de headbanger à la fin». «Ce mécanisme, c’est la structure. Puis je laisse venir l’intuition et je dégrossis ce gros bloc de pierre, auquel j’essaie de donner forme». L’album est la synthèse (précoce vu l’âge du compositeur) d’une démarche de recherche et d’un arrière-plan musical éclectique, une «musique bâtarde», qui inspire à l’Ensemble Hopper des points de référence oscillant de La Passion selon Saint Matthieu de Bach au post-rock de Godspeed You! Black Emperor!

Pas d’électronique pure cette fois, mais, «parce que j’ai besoin de ça pour me sentir chez moi», Pierre Slinckx s’inspire du son électronique pour l’insérer au sein de l’écriture acoustique, pour en enrichir les sonorités: que ce soit un lecteur à cassettes dans h#1 (enclenché par le percussionniste et qui déroule le premier accord de The Unanswered Question de Charles Ives), une wah-wah tube (une “cloche” tubulaire en aluminium qui permet de procurer un son de longue durée, aigu et modulable en ouvrant et fermant un orifice) dans h#3 ou une pulsation forte à la fin de h#4 qui sonne presque comme une guitare “metal” mais poussée en fait par le violoncelle et la clarinette contrebasse.