Pierre de Maere
Des ambitions sans limites
Signé sur le label français Cinq7 (Philippe Katherine, L’Impératrice), le jeune Brabançon s’impose comme le nouvel ovni de notre scène pop. Mis en orbite avec Un Jour, Je, premier EP à paillettes, il voit les choses en grand et il a bien raison. « Sky is the limit »…
Sur son premier EP Un Jour, Je, Pierre de Maere envisage de se marier avec un ange, tutoie les étoiles et songe sérieusement à devenir une superstar. « Mon inspiration, ce sont mes ambitions futures, précise-t-il. J’estime que, de zéro à vingt ans, mon existence a été assez chiante, complètement vide de palpitations. Prends un mec comme Eddy de Pretto, il a une écriture brute, très cash, car il est passé par un profond traumatisme à l’enfance. Moi, mon seul traumatisme, c’est de n’avoir rien vécu et j’ai envie que ça change. Tous mes textes se nourrissent de mes fantasmes futurs. »
Avec déjà trois titres plébiscités en radio et sur YouTube (Un jour je marierai un ange, Menteur, Regrets, tous présents sur l’EP), Pierre de Maere est la grosse sensation de ce début d’année. Moderne et mouvante, sa conception de la chanson française croise la flamboyance baroque des premières mini-symphonies pop de Michel Polnareff et le lyrisme raffiné de Stromae. À ses vignettes mélodiques conçues dans la chambre familiale à Walhain, dans le Brabant wallon, viennent se greffer des photos promotionnelles hyperléchées, des clips à l’esthétique soignée et des punchlines qui claquent, à l’instar du banner « Make Me Famous Please » placé sur sa page d’accueil Facebook. Oui, Pierre de Maere a une vision XXL et fait figure d’ovni dans une Fédération Wallonie-Bruxelles qui assimile encore trop souvent l’appétit de réussite artistique à une forme d’arrogance. « J’ai toujours vu les choses en grand, concède-t-il. Un peu comme Lady Gaga à ses débuts… et ça lui a réussi. »
Pierre de Maere
Tous mes textes se nourrissent de mes fantasmes futurs.
Avouons-le. Personne ne l’a vu venir. Pas d’inscription à The Voice Belgium, pas de trace d’une participation à Du F. Dans le Texte, pas de première partie au Botanique ou de connexions dans le “métier”. Pierre de Maere s’est construit tout seul. Sa bio officielle parle « d’un jeune homme lisant l’intégrale de Picsou au coin du feu, avec Pink Floyd en musique de fond et des images du film Charlie et la Chocolaterie diffusées sur un écran ». OK, c’est bien torché tout ça, mais encore ? « À l’âge de dix ans, j’ai reçu un iPod Touch doté de la fonction GarageBand. J’ai commencé à faire des boucles sur lesquelles je chantais. Très vite, je pensais à un truc “global”. Je construisais mes pochettes, je pensais à des clips, à la manière dont j’allais m’habiller sur scène. La chanson n’était qu’un élément parmi d’autres… »
En 2020, il compose Potins Absurdes. « Le premier morceau dont j’étais fier ». Réalisé avec son frère qui est ingénieur du son, le titre fait son chemin sur YouTube et tombe dans l’oreille d’un directeur artistique du label parisien Cinq7 (Philippe Katherine, L’Impératrice). « Il m’a invité à Paris et m’a proposé un contrat discographique portant sur deux albums. Quelques mois après, j’avais droit à des articles dans Télérama et dans Têtu. » Pierre de Maere aime le glamour, mais il y a aussi quelque chose de punk dans son attitude. Comme pour son EP, il a décidé de faire son album en binôme avec son frère, sans aide extérieure. « Je compose dans ma piaule à Walhain, avec un ordi, deux enceintes et un clavier. Je fais tout en autodidacte. C’est ce qui explique sans doute ce côté naïf et décalé de ma musique ». Il évite de se frotter aux grosses structures et trouve des combines borderline. « Les fringues que je porte dans mes clips, je les achète en magasin le jour du tournage et je les rapporte le lendemain en me faisant rembourser. La dernière fois, c’était un pull en cachemire à 1.200 euros et la combine n’a pas marché. Mon manager me l’a finalement offert comme cadeau de Noël. »