Stephane Ginsburgh
Speaking Rzewski
Arpenteur de chemins peu balisés, le pianiste Stephane Ginsburgh signe un étonnant Speaking Rzewski, célébrant le compositeur américain qui enseigna au conservatoire de Liège à la demande d’Henri Pousseur.
Ginsburgh, qui était très proche de Frederic Rzewski (décédé en juin dernier), était l’interprète idéal pour graver trois pièces emblématiques du compositeur. Il fut d’ailleurs le dédicataire de deux d’entre elles, America, sur un poème d’Allen Ginsberg, et Dear Diary où Rzewski, très engagé politiquement, se paie le capitalisme. C’est cependant par De Profundis (1992) que s’ouvre le CD, inspiré de la lettre éponyme d’Oscar Wilde, œuvre phare du “speaking piano” cher à Rzewski.
« C’est un exercice très particulier, souligne Ginsburgh, car le pianiste est appelé à parler en jouant, voire même à mimer, chanter, siffler, crier… C’est très théâtral et, comme me le confiait Rzewski, peu de pianistes osent le faire. Ces pièces laissent d’autre part une grande place à l’improvisation, un art que l’on a perdu au 20e siècle. » Un répertoire auquel s’adonne volontiers Ginsburgh, non seulement parce que, dit-il, « il est vraiment jouissif », mais aussi pour le rôle inhabituel de l’interprète sur scène : « J’adore jouer, mais aussi parler, dialoguer avec le public, être interpellé par lui, échanger… Ces œuvres-là me permettent d’intégrer les deux facettes sans tomber dans le concert conférence. »
Cela dit, si cette approche guère conventionnelle du piano classique peut surprendre, elle n’est pas exceptionnelle. « Dans la musique populaire – folk, rock, pop… –, le musicien chante et parle souvent en même temps, rappelle le pianiste. Et les troubadours du Moyen Âge ne faisaient rien d’autre que de raconter une histoire tout en jouant… » Reste qu’il s’agit encore et toujours d’une authentique performance!
Stephane Ginsburgh
Speaking Rzewski
Sub Rosa